Stella Lemaine.
Photo: Félix Poncelet-Marsan
Stella Lemaine poursuit son exploration derrière la caméra avec l’aide de Voix [In]Visibles
Comédienne de formation, Stella Lemaine a toujours entretenu un goût pour la création et la narration en parallèle de son évolution dans le milieu des arts de la scène. Une volonté qu’elle a pu concrétiser une première fois en 2018, lorsqu’elle a signé un court métrage documentaire, intitulé « Prendre sa lumière », dans le cadre du programme Être noir·e à Montréal de la Fondation Fabienne Colas. Sept ans plus tard, la cinéaste émergente veut poursuivre l’expérience en signant une série Web construite autour des difficultés professionnelles que ses cocréatrices et elle vivent au quotidien. Qui fait Quoi l’a rencontrée alors qu’elle sortait de la résidence Voix [In]Visibles, où elle est allée chercher des conseils pour mener à bien sa démarche.
« Je me considérerais comme un "bébé artiste", déclare d’emblée Stella Lemaine, parce que je suis encore en train de me découvrir au niveau de ce que je veux exprimer. Mais j’ai clairement des obsessions ! J’aime parler de l’environnement, du système dans lequel on vit et d’identité. Mais je pense surtout que, dans tout ce que je fais, j’explore mon rapport au monde en tant qu’être humain : qu’est-ce que je vis, qui je suis, comment je me définis à travers les autres, mais aussi à travers mon héritage et ma perspective. Ça semble vague, mais c’est là où j’en suis dans ma carrière. »
Le prochain palier de sa pratique consistera donc en une série Web intitulée « Les temps sont durs », que la jeune artiste écrit actuellement avec sa scénariste partenaire, Ahlam Gholami, et qui les mettra en vedette au côté de leur amie commune, Cassandre Loiselle. Les trois interprètes camperont chacune le rôle d’une graduée de l’École de théâtre, qui devront partager un appartement et une voiture tout en cherchant à s’intégrer dans leur milieu professionnel en dépit de la précarité et des aléas de la vie. Une prémisse qui fait directement écho au vécu de ses autrices.
« C’est impossible de dissocier nos vies personnelles de "Les temps sont durs", commente Stella Lemaine. Tout comme nos personnages, Ahlam, Cassandre et moi commençons toutes nos vies professionnelles. On se cherche, on essaie de réussir… Moi-même, depuis que j’ai gradué de mon baccalauréat en art dramatique, je ne travaille pas autant que ce que j’aurais voulu. Alors, ce projet est né de mon désir de prendre ma place, de montrer ce dont je suis capable et ce que je peux offrir. Pour y arriver, on va “fictionnaliser” la réalité tout en la teintant de nos imaginaires. »
Déterminée à sortir de l’invisibilité dans laquelle elle se sentait piégée, Stella Lemaine n’a pas hésité à soumettre sa candidature pour participer à la résidence Voix [In]Visibles lorsqu’elle a appris son existence sur les réseaux sociaux de PHI. Attirée par la vocation de ce programme, soit d’aider des créateurs afro-descendants à développer leurs projets et à faire valoir leurs perspectives, la cinéaste en devenir était persuadée qu’elle pourrait y dénicher des contacts, du soutien et de l’expertise qui l’aideraient à rendre son projet réel.
« J’ai appris énormément de choses durant les trois jours de la résidence ! Mais la plus importante pour moi, c’est que finalement, nous sommes tous des humains dans ce milieu. J’ai tendance à admirer certaines personnes et à les voir comme plus grandes que nature, mais, en fait, tout le monde a sensiblement les mêmes aspirations et les mêmes insécurités. On a eu la chance de rencontrer des artistes reconnus, ce à quoi j’aspire naturellement, mais constater que j’ai plus de points en commun avec eux que ce je pensais me prouve que c’est possible, dans un sens, d’atteindre mes rêves. »
Forte de ses acquis et de son nouveau point de vue, Stella Lemaine poursuivra l’écriture de « Les temps sont durs » et entamera prochainement les démarches nécessaires pour que sa série Web entre en production. L’artiste émergente tient enfin à souligner la pertinence de Voix [In]Visibles et des programmes de formation similaires à celui-ci, persuadée qu’un plus grand nombre d’organismes devraient piloter des initiatives pour soutenir les créateurs des communautés sous-représentées.
« C’est tellement important en tant qu’artiste d’avoir accès à des espaces où on peut se rencontrer et prendre le temps de partager nos visions, de s’entraider pour nos projets. On fait tous partie d’un même milieu, d’un même système, et la connexion demeure quelque chose d’extrêmement précieux, qu’on a parfois tendance à négliger. »























