L’Office national du film du Canada a appris avec tristesse le décès prématuré de Danic Champoux, cinéaste documentaire marquant dans le paysage cinématographique québécois des deux dernières décennies.
Il a réalisé ou coréalisé quatre films à l’ONF – « Mon père », « Séances », « Autoportrait sans moi » et « La fille du cratère » –, qui témoignent de son insatiable curiosité, de son éclectisme des plus singuliers, toujours guidé par une grande humanité, et de son inspiration tirée de la grande tradition du cinéma direct.
« À l’ONF, nous sommes très affectés par la perte soudaine d’un cinéaste unique, toujours animé par un désir profond d’explorer l’humain et la société par le cinéma. Nous avions un projet en développement avec Danic. Son écoute, son approche et son regard, attentifs autant à l’intime qu’au collectif, vont nous manquer », commente Nathalie Cloutier, productrice exécutive du Studio documentaire du Québec et de la francophonie canadienne et acadienne de l’ONF.
L’oeuvre de Danic Champoux
- Originaire de Sorel, Danic Champoux se fait remarquer en 1996-1997 en participant à l’émission « La Course destination monde », qui révèle à l’époque plusieurs cinéastes québécois de la génération montante.
- En 2000, il tourne à l’ONF « Mon père », son premier court métrage documentaire, qui se penche sur le sort des travailleurs obligés de laisser leurs familles derrière eux pour gagner leur vie. Présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ), ce film lui vaut le prix Pierre et Yolande Perrault et la reconnaissance du milieu de la critique.
- Suivent « Big Gazelle » (2004), consacré au sprinter canadien Nicolas Macrozonaris ; « Caporal Mark » (2006), sur le déminage en Bosnie ; « Cardinal Cowboy » (2007), un portrait vivant et empreint d’humour de l’ancien et controversé archevêque de Québec, « Marc Ouellet ; La couleur du temps » (2008), qui rend compte des tensions sociales qui se vivent à Montréal-Nord ; et « Baklava Blues » (2009), sur la communauté canado-libanaise de Montréal et de Toronto. Tous ces films attirent l’attention sur son travail et remportent diverses distinctions.
- Danic Champoux fait ensuite une incursion dans le domaine du film d’animation (« Mom et moi », 2011), qui illustre la fascination que les Hells Angels exerçaient sur lui quand il était enfant.
- Dans un tout autre registre, il réalise ensuite à l’ONF « Séances » (2012), dans lequel il perpétue la tradition du cinéma direct en explorant la réalité du centre d’oncologie de Cowansville avec délicatesse et empathie.
- Nommé la même année cinéaste en résidence à l’ONF, ce qui couronne son parcours de créateur d’expérience qui place toujours l’humain à l’avant-plan de ses préoccupations, il se risque sur le terrain de l’expérimentation en se consacrant pendant deux ans à « Autoportrait sans moi » (2014).
- De 2015 à 2018, il se partage entre le cinéma (« Ça fait 20 ans », « Cris sur le bayou », « Conte du Centre-Sud ») et la télévision, où il multiplie les projets (« REF-Arbitres », « Mal élevés », « Mon amour, ma prison »).
- « La fille du cratère », qu’il cosigne en 2019 avec Nadine Beaudet, en coproduction avec l’ONF, revêt pour lui une importance toute particulière. Axé sur Yolande Simard, la complice en création du documentariste Pierre Perrault, le film dessine le portrait d’une femme d’exception, tout en lui permettant de rendre hommage à celui qui a jadis nourri son désir de devenir cinéaste et a été une grande source d’inspiration.
- Son film le plus récent, « CHSLD, mon amour » (2020), offre un éclairage nouveau sur la valeur réelle des centres d’hébergement, tourné avant la pandémie, et a été en nomination aux Gémeaux 2021.
- On peut voir ici les films qu’a réalisés Danic Champoux à l’ONF.