K!RA OJI.
Photo: Ash KG (subtletherapy.com)
Après en avoir dévoilé les extraits « LA LA LA » et « Car t’es une femme » au cours des derniers mois, K !RA OJI — de son vrai nom Antoine Poireau — entre dans l’âge adulte avec le bloc en entier, son premier album, l’intitulé Chercheur de lumières.
À propos de celui-ci, il explique : « J’aspire à faire de cet album un tableau d’un pan de ma vie, un objet riche de sens pour moi. Je travaille dur pour devenir un artiste qui propose un rap intelligent autant qu’attractif ». Né à Angoulême (France) en 2001, le jeune rappeur et auteur montréalais d’adoption peaufine ses chansons depuis quelques années. Il a d’ailleurs fait paraître un premier maxi, Protagoniste , en 2022.
Réactif aux injustices et enclin aux grandes passions, K !RA OJI conçoit l’écriture comme une purge massive, comme une manière de sublimer la haine et la colère. Entre « Demain, laissez-passer direct vers son terrain de jeu », et l’intimiste « J’habite en face » où l’on peut l’entendre chanter, le vingtenaire allume, une certaine violence dans le geste, un faisceau qu’on n’a pas à chercher très longtemps pour apprécier.
Faut croire que j’aime me mettre en danger
J’veux m’éparpiller sur l’globe
Je pourrais pas vivre une vie bien rangée
Je m’excuse auprès de ma mère
Mais ce soir je pourrai pas rentrer
Son fils va faire le tour du monde
Pour voir tout ce qui est loin de près
En douze tracks bien tassées, il explore sa posture d’artiste (« Comme par magie » et « Qui peut le faire ») et se mouille sans hésiter. Exposant ses talents de kickeur et de punchlineur (« J’représente tout »), il sillonne les thèmes du rêve (« Demain », « J’habite en face »), de la solidarité (« Trouver la sortie »), de l’égo (« Calme-toi » et « LA LA LA »), de la rupture amoureuse ( »Car t’es une femme » et « Je ne t’avais jamais écrit de chansons ») et de l’indépendance (« Néant »). Au détour, il dénonce aussi, avec la pièce À armes égales , la misogynie qu’il remarque dans le milieu du rap et au-delà : « J’en ai marre de voir des filles oppressées par les miens auxquels je m’identifie pas / Marre de voir des hommes continuer, car pour eux un non ne suffit pas ».
N’opérant pas seul, on le retrouve ici entouré de DJ Kleancut à la réalisation, Farfadet (Rymz, Souldia) au mixage, David Campana pour un featuring , Albe à la guitare, Alexis Garceau au piano, aux synthétiseurs et à l’aérophone, Béesau à la trompette, les beatmakers/producers Farfadet, Byron, GLOCE, LUCA The Producer, Majestik12, Captain G, Majosty, DJ Kleancut, Louis Dureau ainsi que Pierre-Luc Darveau (Moderne Mastering) au matriçage.
À travers une signature très actuelle où les basses fréquences lourdes rencontrent un flow — tantôt spacieux, tantôt rapide et multi-syllabique — toujours assumé, K !RA OJI ne manque pas de propager son énergie contagieuse et son positivisme.
À l’occasion de son spectacle de la veille, K !RA Oji a su surprendre son public avec une énergie incroyable sur scène, à l’image de son talent et de la portée des mots forts qu’il transmet dans son nouvel album
