Alerte aux fans de poésie québécoise, ainsi qu’au public friand de beaux textes en chanson, le 10 mai prochain, la poète Daria Colonna (Prix Émile Nelligan, Prix des libraires du Québec, Prix du Gouverneur général, Prix des 5 continents) se hisse au rang, très rare, des poètes-interprètes avec le dévoilement de son premier album en carrière, « Le requiem des sirènes saoules ».
Nouveau projet émergent sur la scène alternative québécoise, cette ode à Montréal, aussi pop que délicieusement mélancolique, est réalisée par l’auteur-compositeur-interprète et producteur Vince James (Entertainer’s Club, Cherry Blue).
Conjuguant le trip hop des années 90 à la chanson à texte française, la surprise est là : Daria Colonna y révèle une interprétation qui désarçonne par son unique sensualité, faite de nonchalance et de nudité.
L’autrice du recueil désormais classique « Ne faites pas honte à votre siècle« (Poètes de brousse, 2017) décide, un jour, de tout quitter, la poésie et l’homme, pour revenir à Montréal et composer un album de chansons racontant, en dix temps, sa séparation avec le comédien Émile Schneider.
Ariane Moffatt aura tôt fait de flairer le talent de l’artiste et l’aidera à peaufiner son style tout en interprétant les mots de Daria Colonna sur « Reste pour voir ». On y entendra aussi une deuxième collaboration musicale entre Daria Colonna et Émile Schneider, interprétant ensemble la pièce « Oh la la », afin de clore dans la création leur relation échouée.
La petite histoire se mêle encore à la grande quand le producteur de Daria Colonna, Vince James, devient son amant. Ensemble, ils créent l’arrogance lascive de l’artiste et le son de ce breakup album radicalement montréalais dans leur chambre à coucher.
Aidés par Ariane Moffatt, Carla Blanc (Dear Criminals) et Hologramme (Ciel), ils redéfinissent la chanson à texte francophone pour lui donner une saveur de pop alternative et dramatique, à la Lana Del Rey et Jack Antonoff.
À moitié recouverte de ses draps, Daria Colonna offre un album puissant, aussi accessible que profond, et si la poésie y est flamboyante, les beats nous plongent autant qu’ils nous arrachent à sa tristesse.
En attendant les spectacles à venir, la poète, qui ne fait rien comme tout le monde, s’enfuit sur la côte Espagnole tout le printemps, pour tourner des images et écrire de nouvelles chansons avec son complice, Vince James.