Les cinq finalistes en lice pour le tout premier Prix littéraire Janette Bertrand
Le Salon du livre de Montréal a annoncé les cinq livres finalistes de la toute première édition du Prix littéraire Janette Bertrand, sélectionnés par un jury de choix présidé par Madame Pauline Marois et composé de personnalités engagées et passionnées de littérature. Les oeuvres finalistes et leurs autrices sont :
- « Porter Plainte » de Léa Clermont-Dion, publié au Cheval d’août,
- « Ça aurait pu être un film » de Martine Delvaux, publié chez Héliotrope,
- « Les Disgracieuses » de Claudia Larochelle, publié chez Québec Amérique,
- « Toronto jamais bleue » de Marie-Hélène Larochelle, publié chez Leméac
- « Autoportrait d’une autre » d’Élise Turcotte, publié chez Alto.
« Quel honneur et privilège d’avoir présidé le jury du tout premier Prix littéraire Janette Bertrand, une visionnaire qui a contribué à lever les tabous et à faire du Québec une société plus libre et plus juste pour les femmes, affirme la présidente du jury, Pauline Marois. Riches et diversifiées, les dix oeuvres de la courte liste que nous avons eues à départager nous rappellent que l’égalité des sexes et des genres n’est toujours pas acquise. Les membres du jury, que je remercie, mesurent l’importance de ce prix et tiennent à féliciter plus particulièrement les cinq autrices finalistes qui, chacune à leur manière, poursuivent le combat entamé par des pionnières de la trempe de madame Bertrand, en continuant d’éveiller les consciences et en célébrant la beauté et les possibilités qu’offre la littérature. »
Un prix littéraire fort en symboles
Distinction littéraire qui rend hommage à l’œuvre et à l’héritage de la célèbre communicatrice québécoise, le Prix littéraire Janette Bertrand, créé par le Salon du livre de Montréal en novembre 2023 et présenté en collaboration avec Télé-Québec et la SODEC, vise à promouvoir l’ouverture à l’autre et l’inclusion .Il reconnaît le rôle des oeuvres littéraires québécoises et de la francophonie canadienne dans l’avancement d’enjeux de société tels que l’égalité des sexes, l’autonomie des femmes et la lutte contre les violences de genre.
Le jury était composé de la femme politique et ancienne première ministre, Pauline Marois, à la présidence, de l’éditrice et bibliothécaire Vanessa Allnutt, de l’étudiante en littérature Jeanne Boivin, de l’animatrice et chroniqueuse Vanessa Destiné et du libraire Phlippe Fortin.
Voici les commentaires des juré·e·s sur les cinq oeuvres finalistes et résolument marquantes de cette première édition du Prix littéraire Janette Bertrand :
« Porter plainte » de Léa Clermont-Dion, publié par Cheval d’août
Naviguant entre le journal intimiste et l’écriture d’essai, « Porter plainte » est un récit sur la culture du viol. Avec courage et vulnérabilité, Léa Clermont-Dion montre du doigt les hommes, mais aussi les femmes qui, sous couvert d’une apparente bienveillance, participent au maintien du patriarcat. À travers son expérience personnelle, elle livre une charge en règle contre les violences genrées et les systèmes qui les perpétuent. Car porter plainte, c’est aussi reprendre la parole qui nous a été enlevée, « pour que la honte change de camp ». Voici un livre qui fait œuvre utile et qui constitue une pierre de plus à l’édification d’une société plus juste, plus douce envers les femmes, en un mot, plus habitable.
« Les disgracieuses » de Claudia Larochelle, publié par Québec Amérique
Véritable mise à nu mettant en relief les petites et grandes défaites dans la vie d’une femme ordinaire et d’une féministe en construction, « Les disgracieuses » dévoile un parcours de vie fait d’essais-erreurs et d’apprentissages à la dure, dans lequel nombre de femmes se reconnaîtront. Ses peurs, ses humiliations, ses colères, ses contradictions, sa honte, sa peine sont aussi les nôtres. Il y a quelque chose dans la très belle plume de Claudia Larochelle, à la fois juste et puissante, qui nous habite longtemps après avoir refermé le livre. À la croisée du personnel et du collectif, l’autrice nous rappelle une fois de plus que l’intime est politique.
« Ça aurait pu être un film » de Martine Delvaux, publié par Éditions Héliothrope
C’est une quête noble que celle de Martine Delvaux, qui braque les projecteurs sur une énième oubliée de l’histoire avec un grand H. Récit d’un triangle amoureux que n’auraient pas renié Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Ça aurait pu être un film cherche à redonner voix et corps à la femme artiste qu’a été Hollis Jeffcoat, personnage de l’ombre refoulé derrière ces deux grandes figures de la peinture qu’ont été Jean-Paul Riopelle et Joan Mitchell. Une enquête passionnante sur l’invisibilisation des femmes dans l’histoire de l’art, sur les rôles auxquels on les a confinées–tantôt muses ou modèles, tantôt épouses ou amantes–, mais aussi sur le pouvoir libérateur des amitiés et amours féminines, dans la vie comme dans l’écriture.
« Toronto Jamais bleue » de Marie-Hélène Larochelle, publié par Leméac Éditeur
« Toronto jamais bleue » est un roman coup de poing, une œuvre percutante sur les femmes itinérantes et prostituées dans une ville indifférente à leur sort, lieu de toutes les détresses, qu’on cherche à soustraire à la vue en les reléguant dans les recoins des ruelles, des squats, des abris de fortune aussitôt démantelés. Une réalité d’autant plus difficile à endurer quand on habite un corps de femme. Dans une écriture qui jamais ne juge, Marie-Hélène Larochelle révèle une misère qu’on préférerait ne pas voir, composée de violence, de défaites, d’humiliations, d’hypervigilance. Malgré une vie qui semble sans issue, les personnages luttent, cherchent une brèche. Mais la ville et la violence des hommes, invariablement, se referment sur elles. Un livre brutal et brûlant d’actualité alors que le pays s’enlise dans une crise du logement sans précédent.
« Autoportrait d’une autre » d’Élise Turcotte, publié par Alto
Tour à tour enquête, essai et journal d’écriture, Autoportrait d’une autre remonte le fil reliant le destin de la narratrice à celui de sa tante disparue, Denise Brosseau, femme de culture hors-norme reléguée dans les marges de l’Histoire. Élise Turcotte s’interroge sur le sort des femmes artistes et des femmes d’artistes, du génie féminin écarté au profit de son pendant masculin à la soi-disant folie des femmes, en passant par le rôle émancipateur (pour l’homme) de la muse. À travers une prose poétique et réflexive, elle effectue autant un travail sur le fond que sur la forme en nous entraînant dans les dédales de la création, dans une composition sensible et intelligente.
Un événement en présence des autrices finalistes et des membres du jury aura lieu le dimanche 24 novembre (lieu et heure à déterminer). Le prix, accompagné d’un montant de 5000$, sera décerné en présence de Madame Bertrand à l’une des cinq finalistes le 27 novembre prochain au Palais des congrès de Montréal, en ouverture de rideau du Salon du livre de Montréal.
La 47e édition du Salon du livre de Montréal aura lieu du 27 novembre au 1er décembre 2024 au Palais des congrès de Montréal.