
Charles-Stéphane Roy réfléchit aux nouvelles écritures
Au moment où nous avons rencontré Charles-Stéphane Roy, il revenait à peine du Net Lab, le volet d’incubation de projets transmédia novateurs du Festival DOK Leipzig (Allemagne), l’un des plus importants festivals consacrés au documentaire dans le monde, pour y présenter « NORIGINALS », son plus récent projet.
Ancien critique de cinéma au défunt hebdo culturel ICI, ancien journaliste, entre autres à titre de rédacteur en chef de Qui fait Quoi, Charles-Stéphane Roy a fondé Les Éditions Séditions / LESEDSED, une maison d’édition qui publie des textes et des contenus délinéarisés destinés à l’imprimé et aux plateformes numériques. Il y a publié récemment « BIS, ou La politesse du débutant », ouvrage dans lequel il s’est intéressé à travailler le texte comme image. Désirant pousser plus loin cette réflexion, il a imaginé « NORIGINALS : The Art of Uncreativity », à la fois projet d’édition, de cinéma et d’interactivité.
« Je suis allé chercher Mark Slutsky, lui aussi ancien critique de cinéma, explique C.S. Roy. Je savais qu’il s’intéressait à la littérature et nous avons commencé à travailler ensemble sur "NORIGINALS". J’ai trouvé le sujet en mai 2013 et nous l’avons développé en juin et juillet. » Mark Slutsky, cinéaste (« The Decelerators », « Sorry Rabbi », « Peepers », coscénariste de « The Fruit Hunters ») et curateur du site SadYouTube.com, agira à titre de scénariste et réalisateur de « NORIGINALS ».
Pour avoir travaillé chez Qui fait Quoi pendant cinq ans, entre autres, C.S. Roy connaît bien les principes du financement. Il savait que de plus en plus de festivals proposent des espaces de mentorat et de développement de projets. Il a donc envoyé son dossier au Festival DOK Leipzig et, à sa surprise, celui-ci s’est retrouvé parmi les huit projets retenus cette année parmi plus d’une cinquantaine de soumissions provenant de 27 pays. La formule proposée par le festival combine à la fois le réseautage, le tutorat, l’incubation et le pitch. Cela a permis aux créateurs de travailler sur le storytelling de leur projet.
Mais, justement, qu’est-ce que « NORIGINALS : The Art of Uncreativity » ? C.S. Roy s’est intéressé au mouvement de poésie conceptuelle, une forme de création mieux connue aux États-Unis et au Canada anglais où le texte devient une matière à travailler. « C’est comme créer un logiciel, un Google Translate par exemple, précise C.S. Roy. Aujourd’hui, on en retrouve beaucoup en ligne, la forme la plus avant-gardiste s’avérant l’art-wear. Les oeuvres génèrent d’autres oeuvres. Au Québec, nous possédons une expertise locale, mais personne n’en parle parce qu’il s’agit souvent de centres de recherche comme Hexagram. »
« NORIGINALS » s’inscrit dans la réflexion de C.S. Roy sur les nouvelles formes d’écriture. « Je me vois plus comme un producteur de livres que comme un éditeur, estime-t-il. Je cherche à repousser le modèle d’édition, par des projets collectifs, de repousser les modèles d’écriture et de production de textes. » Tout reste à définir : les équipes, le financement, le papier, la gamification, l’oeuvre collective, la monétisation (sociofinancement, payer ce que l’on veut ou prix évolutif ?). Quel projet convient à quel modèle ?
« NORIGINALS : The Art of Uncreativity » est actuellement en phase de développement chez La Maison de Prod (« Vic+Flo ont vu un ours »), en collaboration avec Les Éditions Séditions / LESEDSED.