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    Photo : Michel La Veaux


    [Blogue - cinéma]

    Des nouvelles du nord de Benoît Pilon : des nouvelles des uns et des autres

    23 décembre 2007, 15h40
         |      Article rédigé par Alexis Gagnon     

    Benoît Pilon a grimpé au Nord du Nord, à des centaines de kilomètres de l’Abitibi, pour y filmer des gens qui vivent près de la Baie James et des grands barrages. Il s’est intéressé aux communautés voisines de Radisson et de Chisasibi. « Des nouvelles du Nord » s’ouvre sur un roulement d’images d’archives solennelles, saisissantes, monté à la manière d’une fresque historique.

    Le peuple québécois, ses plus habiles et visonnaires constructeurs, parti à la conquête de ressources boréales immenses. La bonne entente longtemps voulue, difficilement obtenue, entre Blancs et Cris. Mais à la cinquième minute, Benoît Pilon ralentit le moteur, insère le générique, puis s’installe dans le documentaire-portrait, genre qui lui a réussi dans le passé (« Rosaire et la Petite-Nation » ; « Roger Toupin, épicier variété » ; « Nestor et les oubliés »). Plutôt tableau que portrait, les personnages étant nombreux.

    Se développe alors une curieuse créature audiovisuelle... à deux têtes. Le portrait sera-t-il celui de Radisson, village des Blancs, ou celui de Chisasibi, village des Cris ? La question serait futile si le traitement narratif n’avait pas tant isolé et compartimenté les deux localités. On nous donne un segment Radisson. Puis un segment Chisasibi. 10 minutes avec les Blancs, 10 minutes avec les Cris. Les segments se suivent mais rien ne les lie. Sauf le ciel du Nord. Résultat, on obtient deux films. Le film « Ça fait quoi de vivre à Radisson, à 1300 km au Nord de tout » et le film « Les Cris tentent de se tourner vers l’avenir tout en conservant la mémoire de leur passé ancestral ». Lequel choisir ?

    À l’échelle nordique, Radisson et Chisasibi, que séparent une centaine de kilomètres, sont si proches qu’elles se touchent. Elles entretiennent un rapport complexe, qui comprend tous les symptômes du fossé culturel. Cela, « Des nouvelles du Nord » n’en parle pas. Dans le film, les Blancs ne parlent pas des Cris, ne parlent pas aux Cris ; et les Cris ne parlent pas des Blancs, ne parlent pas aux Blancs. Étrange. Si la relation n’avait pas été occultée, car relation il y a, un ciment narratif autrement plus solide aurait tenu le film.

    S’il faut choisir, la portion Chisasibi est plus forte, plus ramassée, que la portion Radisson. Les scènes avec la poétesse Margaret Sam Cromarty, sur l’Île de Fort-George (face à Chisasibi, évacuée en 1981), sont habitées de sens et suggèrent la mémoire populaire, la tradition orale, de la nation cri. L’île fantôme, traversée par les esprits du passé et les revenants du présent, porte en elle les ferments d’un grand sujet documentaire. Le temps qu’on y passe est le meilleur du film. C’est d’ailleurs là qu’émergent furtivement les seuls indices sur le rapport chargé entre les Cris et les Blancs. C’est aussi un endroit où la photo de Michel La Veaux, quelque peu porté sur l’expressionnisme (effets de filtre et/ou étalonnage-couleurs très prononcé), devient plus sobre et trouve une juste amplitude. On voudrait demeurer plus longtemps sur cette île mystérieuse.

    Après avoir exposé les quelques singularités découlant de son origine et de sa situation géographique, on voit rapidement que Radisson n’est pas différente d’un village du Haut-Saint-François ou de Mauricie. À quelques différences près, les gens d’en haut vivent exactement comme les gens d’en bas. Jardinage, chasse, assiette satellite, PT Cruiser, mariage en blanc. Radisson aurait pu être traitée en vingt minutes mais plus du double de cette durée lui est consacré. Oui, des bâtisseurs sont passés par là. Oui, l’endroit est une sorte d’ultime frontière. Oui, le climat y est intraitable. Mais ça ne suffit pas. On est en droit de se demander, par exemple, quel intérêt il y a à voyager si loin au Nord pour suivre de si près cette coiffeuse vivant perpétuellement dans l’émotion, et qui menace à plusieurs moments d’accaparer le film tout entier.

    Impossible d’écrire sur « Des nouvelles du Nord » sans mentionner l’usage de la musique. Une pandémie de musique tient le genre documentaire dans un état de suffocation, ici et ailleurs. « Des nouvelles du Nord », il faut le dire, est sérieusement atteint. Le film s’ouvre et se termine avec une ballade et presque toutes les scènes, presque tous les passages entre les scènes, ont été tartinés de guitare onctueuse. Le réalisateur pose un « regard chaleureux ». Le truc, c’est qu’on voudrait simplement un regard. Un regard tout court. La musique nous somme de ressentir quelque chose, nous dicte la façon de recevoir le déroulement documentaire. Ici, on ne peut s’empêcher d’imaginer la satisfaction du programmateur télé et du distributeur, qui insistent le plus souvent pour que le contenu soit balisé ; le téléspectateur n’est pas capable, c’est notoire, de regarder un documentaire sans « sous-titrage musical ».

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