
Laurentie / Mathieu Denis et Simon Lavoie / Québec / 2011
Laurentie, un nom qui évoque une ancienne appellation du territoire aujourd’hui occupé par le Québec. Il a aussi été celui d’un mouvement nationaliste au début du vingtième siècle. Sur fond de désœuvrement ambiant, dans un Québec bien contemporain, c’est l’histoire d’un jeune homme (francophone de Montréal), désabusé et à la sexualité trouble, qui quitte sa copine pour emménager seul.
Il fera la rencontre de son voisin, un sympathique anglo, qui viendra troubler ses fantasmes, mais surtout renforcer sa solitude et le drame de sa dépression.
Noir, dur, hyper-sexué, lent et très minimal par moment, le film est ponctué d’extraits de poésie, de Saint-Denys Garneau, Anne Hébert, Denis Vanier, Hubert Aquin... Pris entre Eros et Thanatos, telles deux solitudes, Laurentie incarne le reflet glauque et inquiétant d’une certaine jeunesse, qui n’est pas sans rappeler l’univers désoeuvré de l’Hiver de force de Réjean Ducharme, ou encore Beautiful Loser de Leonard Cohen. Le comédien Emmanuel Schwartz y livre une performance juste, sensible, osée et bouleversante. En première mondiale, dans une salle bondée au Festival international de Karlovy Vary en République tchèque, le film aurait reçu un accueil mitigé, et pourrait bien créer des remous dans la belle province si on achoppe sur son dénouement...
Il s’agit d’une production de Metafilms, qui nous offre également Nuit#1 cet automne. C’est le premier long métrage de Mathieu Denis, et le deuxième de Simon Lavoie, qui a réalisé en 2008 le drame d’époque Le Déserteur.
Vu au Festival du nouveau cinéma 2011