Jusqu’où va la liberté d’expression ? Nos paroles et nos écrits ont-ils un prix ? Les tribunaux protègent-ils la liberté d’expression ? Le cinéaste Julien Fréchette fait jaillir ces importantes questions dans son récent documentaire « Le prix des mots » (MC2 Communication Média, Office national du film du Canada).
Le film sortira en salles le 8 février prochain à Montréal au Cinéma Excentris et à Québec au Cinéma Le Clap, après avoir été présenté en première mondiale aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal, où il a reçu la mention spéciale du prix Magnus-Isacsson.
Le point de vue du cinéaste
De 2008 à 2011, Julien Fréchette a suivi le parcours d’Alain Denault, auteur du livre Noir Canada, ses collaborateurs et les Éditions Écosociété, dans l’affaire les opposants à Barrick Gold et à Banro, deux grandes minières canadiennes. Poursuivis pour diffamation devant les tribunaux du Québec et de l’Ontario, les défendeurs s’estiment victimes de poursuites abusives de la part des minières. C’est avec l’objectif de sa caméra que Julien Fréchette révèle « Le prix des mots », un thriller documentaire troublant qui, sans verser dans le procès d’intention d’une partie ou de l’autre, révèle le caractère intime et dramatique de cette saga judiciaire évoquant la lutte de David contre Goliath.
L’Affaire « Noir Canada »
Le livre « Noir Canada » est paru en 2008 aux Éditions Écosociété. Son auteur, Alain Deneault, y recense les allégations d’observateurs internationaux concernant les abus supposés de dizaines de minières canadiennes, dont Barrick Gold et Banro. Dès la sortie du livre, ces dernières ont nié les informations dans les chapitres qui les concernaient et ont poursuivi pour diffamation l’auteur, ses collaborateurs et la maison d’édition.
Si cette lutte que Julien Fréchette porte à l’écran fait écho à quelques cas médiatisés ces dernières années, « Le prix des mots » se rattache également à l’adoption du projet de loi no. 9 en 2009 (Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens aux débats publics) qui fait du Québec la seule province canadienne à avoir modifié sa législation afin de « prévenir les poursuites baillons ». Cet élément législatif deviendra d’ailleurs un levier dans l’affaire qui oppose Barrick Gold à Alain Deneault, ses collaborateurs et les Éditions Écosociété.
Julien Fréchette
Diplômé du programme Film Production de l’Université Concordia, Julien Fréchette se spécialise dans le cinéma documentaire d’auteur. Portant le plus souvent en même temps les rôles de scénaristes, de réalisateur et parfois de caméraman, le cinéaste affectionne les sujets à caractère social et historique. Avec « Le prix des mots », il signe sa deuxième collaboration avec l’ONF (« Le réflexe juridique », 2009) et raffine sa démarche qui tend vers un habile croisement entre le cinéma-vérité, l’enquête et le portrait social.