Rêves et utopies : Festival littéraire international Metropolis Bleu aura lieu du 25 au 28 avril 2024
Guerres, dérèglements climatiques, tensions sociales et... espoir. Réunis à Montréal, plus de 150 participants venus du monde entier, du Canada et du Québec nous rapprochent par la littérature. Notre époque manque cruellement de rêves. Pourtant, sans détourner le regard sur les réalités plus sombres de notre temps, Metropolis bleu entend bien rêver aussi grâce à la littérature. C’est ainsi que la 26e édition du Festival Metropolis bleu aura lieu du 25 au 28 avril 2024, à l’hôtel 10 (10, rue Sherbrooke ouest) sur le thème général de « Rêves et Utopies ».
Fort de divers partenariats, le programme compte plus de 120 rencontres littéraires déclinées en différentes séries : « Une planète, un monde », « Paix et Guerre », « Voix autochtones », « Azul », « Almemar », « Violet », « Festival des enfants TD » ou « Littératures de l’imaginaire ». À travers celles- ci, les écrivains iront à la rencontre des lecteurs passionnés que nous sommes tous, au-delà des genres, des sexes, des horizons, des attentes – inclusifs, oui.
Comment rêver ? D’abord en explorant la planète, notre demeure. Traduits en plusieurs langues, les ouvrages de l’écrivain explorateur britannique Robert Macfarlane, professeur à Cambridge, sont devenus des best-sellers dans le monde entier. En mobilisant toutes les ressources d’un savoir riche et poétique, Underland. Voyage au centre de la terre raconte ainsi les grottes, les sites souterrains, tout ce qui vit sous la surface du sol. Robert Macfarlane a écrit plusieurs livres dans la même veine exploratrice et littéraire. Metropolis bleu lui remet le prix Planète littérature 2024. Le rencontrer au Festival sera un pur bonheur.
Ensuite en allant à la découverte de l’autre, en essayant de voir la réalité à travers son regard. Depuis une vingtaine d’années, la romancière, dramaturge et essayiste franco-camerounaise Léonora Miano élabore une œuvre puissante, dont les romans « La saison de l’ombre », « Rouge impératrice » ou « Stardust » sont autant de jalons. Son plus récent essai, « L’opposé de la blancheur : réflexions sur le problème blanc », montre bien, sans dogmatisme, à quel point il est difficile pour les Blancs de comprendre la réalité des gens de couleur. Metropolis bleu remet à Léonora Miano le prix Des mots pour changer 2024.
Sous le signe du rapprochement
Plus que jamais la 26e édition de Metropolis bleu favorise les rapprochements – entre les peuples, les cultures, les visions du monde, les langues.
Rapprochement difficile, parfois, entre ennemis. C’est ce que montre « Diaries of War », de l’autrice et illustratrice germano-américaine Nora Krug, dont l’œuvre a reçu plusieurs prix aux États-Unis. Écrit et dessiné peu de temps après l’invasion russe de l’Ukraine, ce récit graphique est né de ses échanges avec un journaliste ukrainien d’origine russe basé à Kiev et un artiste russe de Saint- Pétersbourg qui milite contre la guerre. Nora Krug sera interviewée sur scène par la grande journaliste littéraire et femme de radio Eleanor Wachtel, qui inaugure ainsi une nouvelle série à Metropolis bleu, après trente-trois années à la barre de « Writers & Company », sur les ondes de CBC Radio. Cette première édition de la « Blue Metropolis Eleanor Wachtel Series » propose aussi (cette fois en format numérique), un entretien avec Sarah Polley, l’une des figures de proue du cinéma canadien, qui se double d’une autrice depuis la parution du très beau récit, « Run Towards the Danger » (tr.fr. « Cours vers le danger »).
Rapprochement aussi entre autochtones et allochtones, avec la présence au Festival de la journaliste et essayiste canadienne et anichinabée Tanya Talaga, chroniqueuse au Globe&Mail. Plusieurs fois primés, ses ouvrages, « Seven Fallen Feathers » ; « All our Relations : Finding the Path Forward » (tr. fr. « Renouer avec la Terre et tout ce qui nous unit »), aident à mieux comprendre la condition autochtone au Canada. Metropolis bleu lui remet le Prix des Premiers peuples (en anglais). En français, le Prix des Premiers peuples Metropolis bleu, décerné en partenariat avec l’organisme Indigenous Voices Awards, sera remis au poète wendat Jean Sioui dont les recueils (« Au couchant de la terre promise » ; « J’avance mon chemin ») sont autant de fenêtres ouvertes sur le réel. Aussi présents au Festival, Douglas Sanderson (Amo Binashii) et Andrew Stobo Sniderman, dont le livre écrit à quatre mains, « Valley of the Birdtail : An Indian Reserve, a White Town, and the Road to Reconciliation », montre que le rapprochement entre autochtones et allochtones est possible, et même qu’il a eu lieu, du moins, à Winnipeg, entre deux communautés séparées par une rivière et 150 années de racisme. Espoir.
Rapprochement enfin, même quand les affrontements font rage – oui, il faut rêver. Modérée par
Kareem Shaheen, la table ronde « Gabriel Safdie Middle East Event » réunit à nouveau trois écrivains (Maya Savir, Rami Younis Ehab Lotayef, Carlos Fraenkel) et un journaliste et cinéaste pour discuter des rapports entre vie et littérature dans cette région de la planète si tragiquement
affectée.
Des femmes qui osent
Après Beyrouth, Metropolis bleu accueillera à Montréal la 5e rencontre du Parlement des écrivaines francophones. Elles viennent de toute la francophonie (Liban, Tunisie, Maroc, Algérie, France, Québec, Martinique, Côte d’Ivoire, États-Unis, Nouveau-Brunswick, Turquie, Belgique, Mali, Suisse). Vingt participantes échangeront ainsi sur le fait d’écrire et d’être une femme – autant d’univers et de visions du monde filtrés par la littérature.
L’essayiste et autrice Margo Glantz est sans contredit une figure de proue de la littérature mexicaine. Issue d’une famille juive et ukrainienne établie au Mexique dans les années 1920, celle-ci a pratiqué le genre de la biographie familiale dans « Les Généalogies », livre marquant d’une œuvre qui compte plus de quarante titres. Polyglotte (espagnol, yiddish, français, anglais), Margo Glantz a enseigné la philosophie et la littérature et publié de nombreux ouvrages de critique. Elle recevra le prix Metropolis bleu Azul (sous le parrainage de Ginny Stikeman).
Autres rencontres très attendues. Avec la romancière argentine Mariana Enriquez, que tout le monde s’arrache et qui renouvelle les codes de la littérature de l’horreur avec l’effrayant « Notre part de nuit ». Ou encore avec l’autrice sud-coréenne Chung Bora, dans « Cursed Bunny » (tr. fr « Lapin Maudit ») finaliste au Booker Prize en 2022. Aussi deux performances littéraires où des artistes et poètes femmes occupent le premier rang.
La littérature est mensonge
Rencontre tout aussi attendue avec le poète, romancier et homme de théâtre canadien Sky Gilbert, professeur émérite à l’Université de Guelph et co-fondateur du Toronto’s Buddies in Bad Times Theatre, l’un des théâtres gay et lesbiens des plus importants dont il a été directeur artistique de 1979 à 1997. Son œuvre, plusieurs fois récompensée, compte neuf romans, trois recueils de poésie et plus de quarante pièces de théâtre. En 2024, Sky Gilbert publiera un roman, « The Blue House », sur la vie d’un violoncelliste prodige, et un essai, Shakespeare Lied, qui prend appui sur l’épisode d’annulation dont lui-même a fait l’objet en 2018 pour soutenir que l’art n’est ni une leçon de morale ni de politique, mais bien mensonge, un beau mensonge. Metropolis bleu lui remet le prix Violet.
Quelques noms encore, pour rêver ensemble. L’édition 2024 du Festival donnera l’occasion de rencontrer les écrivains réputés, comme Yuri Androkoviych (Ukraine), David Bergen (Canada), Éric Chacour (Québec), Paolo Giordano (Italie), Hervé Le Corre (France), Josip Novakovich (Croatie/Canada), Rodney Saint-Éloi (Haïti/Québec). Tout aussi réputées les autrices Elisa Shua Dusapin (Suisse), Fernanda Trías (Uruguay), Martine Reid (France), Velia Vidal (Colombie), Rita Mestokosho (Québec/Ekuanitshit), Brenda Navarro (Mexique), Marie-Hélène Poitras (Québec), Hemley Boum (Cameroun/France), Ann-Marie MacDonald (Québec/Canada), Catherine Leroux (Québec).
Le Festival sera aussi l’occasion de (re)connaître les Éléonore Goldberg (Canada), Maya Ombasic (Bosnie-Herzégovine-Québec), Kyo Maclear (Canada), Guadalupe Nettel (Mexique), Kasia Van
Nunaapiga – Mon cher petit territoire, qui fera entendre les chants de gorge d’Angela Amarualik et les poèmes de Juliana Léveillé-Trudel. Jardins imaginaires – poésie, oud et gourmandise, alors que la poète et comédienne Armelle Chitrit performera ses poèmes-fruits. Schaik (Afrique du Sud/Québec), Paul Saint Bris (France), Mikhail Iossel (Russie/Québec), Anuja Varghese (Canada), Céline Righi (France), Yael Weiss (Mexique). Et la liste n’est pas exhaustive...
Les enfants rêvent aussi
Metropolis bleu, c’est aussi le Festival des enfants TD, qui propose plus de 70 activités aux jeunes et à leur famille dans la région de Montréal et partout au Québec, en présence ou en format numérique. Ainsi huit des meilleurs illustrateurs d’albums jeunesse du Québec ont accepté de dessiner ce qui les fait sourire dans leur travail ou leur vie personnelle. Le résultat ? L’exposition « Dessine-moi un sourire » qui sera présentée entre le 27 février et le 29 avril dans les bibliothèques participantes de Montréal, à l’Hôtel 10 pendant le Festival et en ligne sur le site de Metropolis bleu. Du 19 au 29 avril, de nombreuses bibliothèques de Montréal accueilleront les auteurs jeunesse du Festival : Paul Tom, lauréat du Prix TD de littérature jeunesse 2023, Dïana Bélice, Josh Freed, Anne-Marie Fortin, Danielle Chaperon, Caroline Barber et Monique Polak. Aussi au programme, un atelier ludo-éducatif sur les chiffres animé par Diane Desfossés. Et dans le cadre de série « Lire pour guérir », une rencontre-atelier pour les enfants de l’hôpital Sainte-Justine et du Centre Marie-Enfant, animé par Anne-Marie Fortin, autour de son album « Mon beau potager ».