Avec l’album « La Grazia Delle Donne », l’ensemble La Cigale et la soprano Myriam Leblanc font découvrir des créations musicales réalisées par des femmes dans l’Italie baroque. Antonio Vivaldi a enseigné la musique à plusieurs d’entre elles, et l’orchestre formé par les plus talentueuses a suscité une renommée internationale. Certaines, souvent issues de familles de musiciens, ont poursuivi des carrières d’interprètes et de compositrices dans les cours italiennes. Leurs oeuvres étaient publiées et partagées, et elles étaient très respectées.
Isabella Leonarda, religieuse ursuline, a gravi les échelons pour devenir mère supérieure. Elle a été la première femme à publier des sonates instrumentales. Son catalogue comprend près de 200 compositions s’étalant sur près de 50 ans, même si la plupart de ses compositions ont sans doute été écrites après ses 50 ans.
Vittoria Aleotti, religieuse augustine, était une sorte de prodige, ayant d’abord appris en écoutant les leçons de sa sœur aînée, mais la dépassant vite en maîtrisant le clavecin et le chant. Vers 6 ou 7 ans, elle était suffisamment avancée pour être envoyée au couvent de San Vito à Ferrare, réputé pour faire éclore les talents musicaux.
Vittoria Aleotti était aussi la compositrice connue sous le nom de Raffaella Aleotti ou peut-être sa soeur. Elle a suscité les éloges pour son talent et sa capacité à diriger un ensemble de 23 religieuses. Elle a aussi subi quelques critiques pour son goût de la polyphonie complexe et de la dissonance, où le plaisir pouvait faire obstacle à la piété.
Francesa et Settimia Caccini ont grandi en se produisant pour la famille Médicis en tant que chanteuses dans l’ensemble vocal Il Concerto Caccini avec leur père, Giulio Caccini, pionnier de la musique monophonique, leur belle-mère Margherita et leur frère Pompeo. Une fois adulte Settimia a été admirée en tant que chanteuse. Certaines de ses compositions ont survécu, publiées dans plusieurs collections d’œuvres de compositeurs de l’époque. Francesca, elle, a longtemps travaillé à la cour des Médicis, composant, interprétant et arrangeant. Elle était la musicienne la mieux payée de la cour, ce qui témoigne de son talent. Compositrice prolifique, sa « comédie-ballet » La liberazione di Ruggiero dall’isola d’Alcinaest est le premier opéra entièrement composé par une femme. Elle a contribué à la musique de 16 autres oeuvres lyriques.
Barbara Strozzi est la plus connue des femmes de ce programme. Elle a été la compositrice la plus publiée de son temps, avec huit livres en circulation. Son succès lui a permis de survivre sans le soutien régulier de l’église ou d’un mari.
Enfin, Alessia Aldobrandini est l’alter ego baroque de la luthiste moderne Donatella Galletti. Celle-ci a créé cette femme du XVIIIe siècle qui a composé pour le luth archiluth et le théorbe parce qu’il lui semblait que les compositrices n’étaient appréciées qu’après leur mort. Alessia Aldobrandini a pris une vie propre avec sa musique utilisée dans la pièce de théâtre Le Voyage De Filiberto Tula.