
Claude Chamberlan, cofondateur du Cinéma Parallèle, a envoyé, ce mardi 18 décembre, une lettre demandant une reconnaissance du Parallèle. Le Lien MULTIMÉDIA reproduit l’intégralité de cette lettre.
Fermeture éventuelle d’Excentris et du Cinéma Parallèle selon sa directrice générale, voici ce que j’en pense et propose...
Petite histoire
J’ai cofondé le Cinéma Parallèle il y a 45 ans (en 1967) avec lequel j’ai créé, jumelé et réseauté une multitude de projets de salles, de maisons de distribution et de production, de festivals (Festival du nouveau cinéma, Magnifico...), d’événements thématiques, de rétrospectives et d’hommages... tous ces événements interreliés ont été réalisés grâce à des équipes remarquables et complices, pour faire découvrir de jeunes cinéastes prometteurs et pour une diffusion accrue du cinéma indépendant québécois et international au Québec.
En 1997, j’ai initié avec Daniel Langlois l’idée de construire un complexe (Excentris) d’au moins 5 salles pour assurer une viabilité financière et créer une certaine dynamique dans la programmation. Il en a construit 3 que j’ai dirigées dès le début avec succès de 1999 à 2006, puis comme consultant à la programmation de 2007 à 2009. En 2009-10 arrive le sauveur annoncé d’Excentris, l’entrepreneur Christian Yaccarini et son assistante Hélène Blanchet, tous deux de la société Angus (devenus subséquemment président et directrice générale d’Excentris), de qui j’ai sérieusement questionné les agissements et intégrité, pour ensuite me faire destituer du conseil d’administration sous le fallacieux prétexte de mon absence à quelques réunions du CA !!
Constat
Le marasme qu’Excentris connaît actuellement entraînera inévitablement dans sa chute celle du Cinéma Parallèle. Construit en 1999 à grands frais, 38 millions de dollars, avec des coûts d’entretien démesurés pour seulement 3 salles, Excentris est aujourd’hui devenu un éléphant blanc impossible à rentabiliser. Pour sa survie, il lui faudrait un financement majeur d’un nouveau mécène passionné ou que les institutions publiques continuent d’engloutir et de gaspiller des sommes astronomiques (soit près de 8 millions de subventions & prêts en 2011)... ce qui m’apparaît indécent et injuste à l’égard des autres salles en région et à Montréal qui, de peine et de misère, accomplissent le même travail en contribuant tout autant au développement culturel du Québec.
Excentris se propose maintenant de concurrencer Cinéplex Odéon en programmant des films plus porteurs, c.-à-d. commerciaux !? Il n’est pas dans le rôle des gouvernements de financer ce type d’opération au détriment d’autres salles qui affichent un cinéma différent ! En quoi Excentris se distingue-t-il maintenant ?! Avec un déficit record, une dette de 4 millions, une baisse historique de fréquentation, des frais d’entretien et d’opérations exorbitants, une programmation qui manque de vision et d’audace, une direction et une administration menées par des gens reliés à la société Angus et pour finir, un boulevard St-Laurent morose et en décrépitude - l’esprit de ce lieu n’y est plus et son public cinéphile non plus ! Et tout cela semble irréversible.
Un nouveau lieu pour le Cinéma Parallèle
S’il veut survivre, le Cinéma Parallèle doit se dissocier d’Excentris pour retrouver son âme et ses vraies sources d’inspiration. Il lui faut créer un nouveau lieu ouvert, accessible, magique et sans prétention. Une place animée et excitante pour tous les cinémas en devenir, leurs auteurs et leur public. Il lui faut chercher un espace à un coût raisonnable, bien situé, près d’une station de métro et d’un stationnement. Il lui faut une équipe de programmation audacieuse et allumée, jeune d’esprit et en symbiose avec la grande diversité qu’offrent les nouveaux cinémas du monde entier. Le tout, bien sûr, accompagné par un conseil d’administration frondeur, à l’esprit à la fois poétique et réaliste. Le Parallèle est à l’heure des choix : stagner dans l’insoutenable présent ou renaître autrement.
Il y a 6 semaines, j’ai dénoncé tout ce qui selon moi n’allait pas dans cette organisation. Il y a 2 semaines, la DG parlait de sa fermeture éventuelle. Dans la situation actuelle, un profond changement est nécessaire.
Le Parallèle aurait intérêt à reprendre son indépendance au plus vite.
C’est mon voeu le plus cher pour l’année 2013.
Claude Chamberlan
Dépisteur/Programmateur
Cofondateur du Cinéma Parallèle